Un film que j’adore… Too big to fail (1/2)
Aujourd’hui j’aimerais partager avec vous un film que j’adore! Je l’ai déjà regardé 5 ou 6 fois déjà et je suis vraiment fan. Le film est tiré d’un excellent livre que j’ai lu aussi il y a un an ou deux. Je trouve que l’adaptation est très proche du livre et les acteurs ont su vraiment bien retranscrire l’arrogance, la stupidité et la cupidité des nombreux intervenants.
Ce film s’appelle “Too big to fail” en anglais, qui peut se traduire par “Trop grosses pour échouer”. On parle ici des banques américaines qui ont crée la crise financière puis mondiale de 2008 dont on continue à sentir les effets et à en payer les conséquences. On y retrouve les patrons des neuf plus grosses banques américaines comme Goldman Sachs, Citigroup, JP Morgan Chase, mais aussi des figures emblématiques comme Hank Paulson, Tim Geithner et Warren Buffett.
Mieux comprendre cette crise financière et les principaux acteurs qui dirigent notre monde est un aspect qui me semble essentiel pour appréhender les marchés boursiers.
Le film est en anglais, mais il est sorti en français le 13 juin 2012. Le livre en anglais est sorti le 20 octobre 2009 et n’a jamais été traduit en français à ma connaissance… quel dommage!
Voici donc un résumé un peu particulier cette fois, mais que j’ai pris énormément de plaisir à faire. J’espère que vous l’apprécierez aussi…
Résumé (1/2)
Introduction
Le film commence avec une série de news qui passent à la télé: Les fusions entre les banques commerciales et les banques d’investissement sont autorisées depuis longtemps. Greenspan a toujours été contre la régulation à outrance, voire même la régulation tout court. Bush a fait tout ce qu’il a pu pour faciliter l’accession à la propriété. Par conséquent, tout le monde s’est mis a construire, acheter et les banques ont généré des profits gigantesques.
Bear Sterns, la cinquième plus grosse banque d’investissement aux US commence à s’écrouler pour finalement se vendre à $2 par action à JP Morgan Chase avec une garantie de $30 milliards apportée par l’état américain pour couvrir les actifs toxiques.
Hank Paulson, le Secrétaire d’Etat au Trésor risque de se retrouver à défaire toutes les dérégulations qu’il avait soutenues quand il était CEO de Goldman Sachs. La chute de Bear Sterns commence à se transmettre à Lehman Brothers, dont Dick Fuld est le CEO et Chairman.
L’action de Lehman a déjà chutée de 21% à $36. Fuld pense qu’il s’agit simplement de spéculateurs qui sont courts sur Lehman, mais Paulson lui demande de lever des capitaux.
Samedi 24 mai 2008
La seule option à ce moment semble être que Fuld contacte Warren Buffett. Mais Buffett n’est pas vraiment intéressé pour investir dans une banque d’investissement car il pense qu’elles prennent trop de risques depuis qu’elles investissent pour elles-mêmes et non plus seulement pour leurs clients. Il propose quand même $40 par action. Fuld refuse l’offre car il est persuadé que les marchés vont se redresser.
D’après Greenspan, l’ancien Président de la FED, il y a trop de biens immobiliers disponibles. Pendant ce temps, Fuld se retrouve forcé de virer Joe Gregory (Président et COO de Lehman Brothers, son collègue et ami depuis 30 ans) pour envoyer un message fort aux marchés. Il le remplace par Bart McDade. Par la même occasion et pour les mêmes raisons, il vire aussi Erin Callan, la CFO de Lehman Brothers.
Lundi 4 août 2008
Lehman entame des négociations avec les coréens pour un deal, mais la partie immobilier ne plait pas aux coréens et Fuld en étant trop gourmand fait capoter toute opportunité. Freddie Mac et Fannie Mae perdent respectivement 30% et 17% suite à ces négociations infructueuses.
Paulson fait tout ce qu’il peut pour éviter de réclamer un gros chèque au Congrès américain mais aimerait faire croire aux marchés qu’il peut le faire et a donc un “bazooka” dans la poche.
Vendredi 8 août 2008
La Chine et la Russie peuvent décider à tout moment de revendre leurs obligations et ainsi d’effondrer le système financier américain. La solution suggérée par Paulson et Ben Bernanke (le Président de la FED) est d’autoriser les autres banques à augmenter leur levier financier pour pouvoir s’allier et racheter Lehman… qui s’effondre à cause d’un levier financier trop élevé! En clair, de résoudre le problème avec ce qui a causé le problème…
Bien que Paulson ait communiqué au printemps qu’il ne le ferait pas, il finit par prendre le contrôle de Freddie Mac et Fannie Mae.
Lehman perd de nouveau 10%.
Jeudi 11 septembre 2008
Chris Flowers, un célèbre et puissant expert en rachat de banque est persuadé que Bank of America peut racheter Lehman pour une bouchée de pain en discutant avec Greg Curl (le Directeur Planification à Bank of America). Le problème reste une fois encore l’immobilier, mais Flowers pense que Paulson sera obligé d’aider la transaction comme il l’a fait avec Bear Sterns. D’autant plus que ça paraitrait très louche qu’il laisse tomber le concurrent le plus direct de Goldman Sachs, dont il était CEO.
AIG va bientôt être à court de cash et Willumstad (CEO d’AIG) réclame de l’aide à Flowers. Paulson laisse fuir délibérément aux media qu’il n’aidera aucune transaction dans le but de forcer les autres banques à agir pour aider Lehman. L’action de Lehman est à $4.
Ce qu’il faut savoir c’est que de nombreux membres du gouvernements sont des anciens de Goldman Sachs, et même s’ils n’ont officiellement plus d’actions ou d’options avec Goldman, beaucoup pense qu’il existe quand même des confits d’intérêt.
Bank of America demande la même aide à Paulson que celle qu’il a apportée à JP Morgan Chase pour racheter Bear Sterns. Paulson estime que Wall Street a un problème de gambling et est accroc au jeu. Ce problème doit être résolu par Wall Street sans l’intervention de l’état.
Vendredi 12 septembre 2008
Barclays investigue la possibilité de racheter Lehman mais le gouvernement anglais n’est pas chaud car les banques anglaises prennent déjà trop de risques.
Les dirigeants des plus grosses banques américaines se réunissent. Jamie Dimon, Chairman et CEO de JP Morgan Chase, n’a plus beaucoup de cash du fait qu’il est récemment racheté Bear Sterns. Lloyd Blankfein, Chairman et CEO de Goldman Sachs était sous Paulson quand il y était encore. Thain, Chairman et CEO de Merrill Lynch, était le numéro deux de Paulson à Goldman. Thain sait que si Lehman coule, Merrill Lynch est la prochaine banque sur la liste.
Paulson annonce que lundi matin Lehman ne sera plus en mesure d’honorer ses obligations légales. Pour le moment, il y a deux acquéreurs potentiels: Barclays et Bank of America. Mais aucun des deux n’est prêt à bouger tant qu’il n’y a pas une autre entité pour financer une partie de l’opération. Et Paulson annonce clairement que l’état américain ne viendra pas au secours cette fois-ci. Les patrons des grandes banques, dans toute leur arrogance, ne veulent pas aider Lehman pour différentes raisons: ce ne sont pas leurs oignions, la chute de Lehman ne les toucheras pas, ils ne veulent pas aider un concurrent. Le message de Paulson est direct: si Lehman chute, les autres chuteront derrière et l’état américain se souviendra sérieusement de qui a participer ou pas pour aider. Le but de la réunion n’est pas de déterminer comment cette situation s’est produite, si c’est dû à la dérégulation, aux produits dérivés ou aux mauvaises décisions de Dick Fuld.
L’impression générale, communiquée par la media est que des mesures d’urgence sont décidée à la va vite le weekend à chaque fois qu’une banque d’investissement s’effondre mais que rien n’est fait pour anticiper et prévenir. Durant le weekend, les investigations sur Lehman montre une exposition avec les actifs toxiques de $70 milliards et non plus de $30 milliards.
Samedi 13 septembre 2008
Merrill Lynch sentant le vent tourner, décide d’approcher Bank of America (BoA) pour se faire racheter partiellement, et peu importe si Lehman nécessite encore plus l’aide de BoA. Malheureusement BoA ne peut racheter qu’une seule banque pour le moment. Ça sera donc l’une ou l’autre mais pas les deux. Paulson apprend la nouvelle et approuve secrètement que BoA rachète Merrill, et qu’il ne reste donc plus que Barclays pour racheter Lehman. Fuld découvre le scénario et devient furieux que le gouvernement lui sabote son deal avec BoA.
Au même moment, d’après Flowers, AIG annoncera un trou de $5 milliard dès mercredi.
Dimanche 14 septembre 2008
Les plus grosses banques doivent toujours trouver une solution pour Lehman. Elles réalisent que Wall Street doit payer pour ses excès et que l’état ne volera pas au secours. Pour que Barclays rachète Lehman il faut que les banques américaines rachètent les actifs toxiques impossibles à réellement valoriser. Les patrons se mettent d’accord pour fournir $1 milliard chacun pour racheter les actifs toxiques de Lehman. Tout le monde crie victoire!…
Sir Callum McCarthy, le Régulateur des banques britanniques, et le Chancelier de l’Echiquier s’opposent au deal pour ne pas propager la gangrène américaine à la Grande-Bretagne même si les actifs toxiques ne font pas partie du deal avec Barclays. Et personne n’avait vu cet éventualité se produire… L’état américain à travers la SEC est prêt à annoncer la faillite de Lehman mais réalise que Lehman n’a pas encore déposé le bilan. La SEC ne peut légalement forcer Lehman à le faire, c’est au comité d’administration de prendre cette décision.
AIG devient de plus en plus un gros problème car les comptes se révèlent être catastrophiques et la moitié des banques dans le monde traitent avec AIG en contractant des assurances pour protéger leurs opérations immobilières.
Dimanche soir, le comité d’administration de Lehman prend la décision de déposer le bilan. Paulson commence à culpabiliser, car en tant que Secrétaire au Trésor c’est sa responsabilité d’éviter qu’une des plus grosses banques d’investissement américaines ne disparaisse. Tous les intervenants semblent totalement dépassés par la situation et complètement désabusés.
Lundi 15 septembre 2008
La réaction générale est mitigée. La perception est que l’état n’a pas opéré de sauvetage (“bailout” en anglais). Les marchés s’effondrent. Le problème AIG devient critique. Les Européens critiquent l’état américain d’avoir laisser Lehman échouer. Un échec d’AIG aurait des conséquences dramatiques sur l’Europe. Le problème américain est maintenant un problème mondial.
Tout s’accélère. Les clients des autres banques ne font plus confiance à personne. Les spéculateurs commencent à être court sur tout le secteur. Les entreprises des autres secteurs ne peuvent plus se financer correctement et commencent elles aussi à sentir les effets de Wall Street.
Paulson n’a pas voulu participer au plan de sauvetage de Lehman mais se retrouve contraint à le faire pour AIG. Fuld est dégouté.
Personnages importants
Hank Paulson, Secrétaire d’Etat au Trésor, ancien CEO de Goldman Sachs.
Dick Fuld, CEO et Chairman de Lehman Brothers.
Warren Buffett, Chairman et CEO de Berkshire Hathaway, une des plus grosses fortunes mondiales.
Alan Greenspan, précédent Président de la FED avant Ben Bernanke.
Joe Gregory, ancien Président et COO de Lehman Brothers.
Bart McDade, nouveau Président et COO de Lehman Brothers.
Erin Callan, CFO de Lehman Brothers.
Ben Bernanke, Président de la FED.
Skip McGee, Global Head of investment banking à Lehman.
Timothy Geithner, Président de la FED de New York.
Chris Flowers, expert en rachat de banque.
Rodgin Cohen, Avocat de Lehman
Greg Curl, Directeur Planification à Bank of America
Robert Willumstad, CEO d’AIG
Christopher Cox, Chairman de la SEC
Jamie Dimon, Chairman et CEO de JP Morgan Chase
Lloyd Blankfein, Chairman et CEO de Goldman Sachs
John Mack, Chairman et CEO de Morgan Stanley
John Thain, Chairman et CEO de Merrill Lynch
Vikram Pandit, CEO de Citigroup
Sir Callum McCarthy, Régulateur des banques britanniques
La suite et fin avec un extrait vidéo au prochain épisode…
C’est à vous: Qui a déjà vu ce film ou lu le livre? Qu’est-ce que vous pensez? Vous recommanderiez quels autres films dans le même style?
Ce film est à voir absolument !! On découvre ce qu’il s’est passé en coulisse !!
Salut Guillaume,
Connais-tu d’autres films similaires que tu recommanderais? Je suis preneur 😉
Ben
Le film n’est pas trop déprimant ? Repenser à toute cette crise qui à détruit des millions de familles, ça me fait froid dans le dos.
Salut Sandrine,
Les crises financières ne sont jamais marrantes! Mais mieux les comprendre permet de mieux les éviter et de pouvoir protéger son capital…
Ben