Îles au trésor: Les paradis fiscaux et les hommes qui ont volé le monde (1/3)

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  • Titre: Îles au trésor: Les paradis fiscaux et les hommes qui ont volé le monde
  • Titre original: Treasure Islands: Tax Havens and the Men who Stole the World
  • Auteur: Nicholas Shaxson
  • Édition brochée: 384 pages
  • Editeur: Vintage
  • Date: 5 janvier 2012
  • Langue: Anglais

Comment être “nulle part” pour ne pas payer d’impôts?

Quelle est l’origine des paradis fiscaux?

Comment fonctionnent les systèmes offshore?

[Note: Pour information, j’ai lu la version originale en anglais et à ma connaissance il n’y a pas de traduction en français à ce jour]

Avertissement aux âmes sensibles: les propos qu’on va voir dans cette série en 3 parties avec le livre de Nicholas Shaxson décape! Il n’a pas sa langue dans sa poche et s’est fait beaucoup d’ennemis puissants. Il décrit un monde sans pitié, à la limite du crédible… et pourtant, c’est bien souvent la réalité.

Attachez vos ceintures ou restez sur le bas-côté car ça va être violent!

On voit tout ça dans cette première partie du résumé du livre “Îles au trésor: Les paradis fiscaux et les hommes qui ont volé le monde”…

Description de produit

Le milliardaire Warren Buffett, actuellement le troisième homme le plus riche du monde, a payé le taux d’impôts le plus bas de tout son personnel, y compris sa réceptionniste.

En 2006, trois des plus grosses entreprises au monde ont fait dans les £400 millions de business en Grande-Bretagne mais ont payé seulement £128 000 d’impôts entre elles.

En janvier 2009, les autorités américaines ont sanctionné Lloyds TSB de $350 millions d’amende après que la banque ait admis faire transiter secrètement de l’argent iranien et soudanais dans le système bancaire américain.

Les paradis fiscaux sont la principale raison pour laquelle les gens pauvres et les pays pauvres restent pauvres. Ils se trouvent au coeur de l’économie mondiale, avec plus de la moitié des échanges qui passent au travers eux. Ils ont joué un rôle dans presque chaque événement économique majeur, dans chaque gros scandal financier, et dans chaque crise financière depuis les années 1970s, en incluant la dernière crise économique mondiale.

Dans ce livre, Nicholas Shaxson montre comment tout s’est produit et ce que cela signifie pour vous.

Résumé (1/3)

Chapitre 1 – Bienvenue à “Nulle Part”

Voici une définition générale d’un paradis fiscal: un endroit qui cherche à attirer du business en offrant des solutions à des gens ou des entités pour contourner les règles, les lois et les réglementations des jurisdictions ailleurs.

Différentes caractéristiques permettent de reconnaitre ces paradis fiscaux:

  • Ils offrent une certaine confidentialité, en refusant généralement de coopérer avec les autres jurisdictions pour échanger des informations.
  • Ils proposent des impôts très bas voire inexistants.
  • Ils sécurisent leurs propres économies des solutions qu’ils proposent pour se protéger de leurs propres techniques offshore. Ils le font en offrant par exemple aucune imposition aux non-résidents qui apportent leur argent, tout en taxant les résidents totalement.
  • Leur industrie financière est fréquemment beaucoup plus importante que leur économie locale.
  • Leurs porte-paroles clament régulièrement qu’ils ne sont pas des paradis fiscaux et dépensent beaucoup d’énergie à discréditer les critiques.
  • Les politiques locaux sont impliqués dans les intérêts des services financiers (et parfois criminels) et l’opposition au modèle économique offshore est éliminée.

Le système offshore est un projet crée par l’élite riche et puissante pour les aider à prendre les avantages de la société sans payer en contrepartie, tout en manipulant artificiellement les traces de l’argent aux frontières.

Les multinationales ajustent artificiellement les prix de transfers internes et déplacent ainsi les bénéfices vers un paradis fiscal et les coûts vers un pays à l’imposition élevée. Environ 2/3 des échanges internationaux se produisent au sein même des multinationales. Chaque année, $160 milliards d’impôts sont estimés être perdus avec ces techniques. Mais ces entreprises sont justement des multinationales car elles ont su grossir plus vite que leurs concurrents en profitant de ces mécanismes.

Toute cette énergie à contourner les systèmes fiscaux pourrait mieux dépenser à créer de la valeur avec de meilleurs produits ou services, ou moins chers. Ces entreprises et leurs capitaux ne se déplacent pas où ils seraient plus productifs, mais plutôt là où ils peuvent obtenir les meilleures réductions fiscales.

Le monde offshore n’est pas un ensemble d’états indépendants qui établissent leurs lois et leurs systèmes fiscaux, mais en fait un ensemble de réseaux d’influence contrôlés par les plus grandes puissances mondiales, dont le Royaume-Uni et les USA.

Plutôt que d’ouvrir des comptes bancaires avec leur nom, les fraudeurs et les blanchisseurs d’argent créent des entreprises anonymes avec lesquelles ils peuvent opérer tranquillement.

Afin d’éviter la double taxation entre deux pays, les paradis fiscaux ont en fait crée une double non-taxation. Une entreprise qui travaille avec un pays fortement taxé et un pays faiblement taxé, ne paie au final d’impôts dans aucun pour ne pas être ‘injustement” taxée deux fois.

À ce jeu, chaque pays essaie de tirer ses impôts vers le bas ou offrir encore plus de confidentialité pour être encore plus compétitif que son voisin. Et les financiers accentuent le phénomène en menaçant constamment les politiques de délocaliser dans un pays plus attractif.

Une des techniques les plus utilisées par les paradis fiscaux est le saucissonage. Elle consiste à couper quelque chose en petites tranches entre plusieurs jurisdictions pour masquer l’ensemble. Les autres techniques comprennent l’utilisation de banques ou d’entreprises fictives et de trusts.

Le système offshore n’a pas causé directement la crise financière, mais à crée l’environnement propice pour qu’elle se produise…

Chapitre 2 – Techniquement à l’étranger

Les frères Vestey (William et Edmund) ont été les pionniers des entreprises internationales en 1897 avec de l’import-export de viande. En utilisant leur force pour faire pression sur les producteurs et les consommateurs, ils ont aussi fait pression sur les autorités fiscales avec une armada d’avocats et de comptables. Ils bénéficiaient d’une double non-taxation et pouvaient réinvestir ces économies pour se développer plus vite que leurs concurrents.

Dans l’esprit de la plupart des gens, le meilleur moyen pour bénéficier de la confidentialité est de tout bouger en Suisse ou au Liechtenstein. Mais les trusts font aussi bien, sinon mieux maintenant car ils manipulent la propriété d’un actif en la masquant totalement. Cette confidentialité peut être accrue en imbriquant des trusts les uns avec les autres, au travers de différentes jurisdictions.

Les jurisdictions spécialisées dans la confidentialité modifient régulièrement et rapidement leurs lois pour toujours avoir une longueur d’avance par rapports aux autres qui cherchent à collecter des impôts. Certains avocats offshore passent leurs journées à inventer des nouveaux types de trusts pour perfectionner les manipulations des riches.

Chapitre 3 – Le bouclier rentable de la neutralité

La Suisse est la jurisdiction confidentielle la plus ancienne d’Europe. Pendant la Grande Dépression, les mouvements fermiers et travailleurs suisses ont commencé à réclamer plus de contrôle sur les banques à partir de 1931. Ces banques craignant la fuite de certains secrets ont fait énormément de pression pour qu’une loi soit passée et que la violation du secret bancaire suisse devienne un crime.

Mais en fait, le secret bancaire suisse existe depuis des siècles. Et c’est au 19ème siècles que l’élite suisse a commencé à rêver d’un empire que tout s’est accéléré. En étant neutre durant une guerre étrangère, il est possible de faire beaucoup d’argent avec tous les opposants. Pendant les deux guerres mondiales, les pays impliqués augmentaient leurs impôts pour financer les armées. La Suisse devenait aussi un pays attractif pour les citoyens riches de ces pays.

Après la deuxième guerre mondiale, de nombreuses preuves ont été trouvées démontrant l’implication de la Suisse dans le financement des opérations d’Adolf Hitler au travers de fausses factures, d’entreprises fictives, faux contrats, etc.

La Suisse reste un des plus grands coffres au monde pour l’argent sale. En 2009, 80% de l’argent étaient estimés ne pas avoir été déclarées aux autorités des propriétaires concernés, montant jusqu’à 99% pour l’Italie et la Grèce.

Mais à cause des fortes et vénérables racines du système offshore dans la société, la politique et l’histoire suisse, la pression interne de restreindre la confidentialité n’a jamais réussi

Chapitre 4 – L’opposé d’offshore

Avec la deuxième guerre mondiale, Churchill s’est battu pour préserver la Grande-Bretagne et son empire contre l’Allemagne nazi. John Maynard Keynes s’est battu pour préserver la Grande-Bretagne en tant que grande puissance contre les USA. Même si la guerre a été gagnée contre l’Allemagne, la Grande-Bretagne avait dépensé tellement de ressources qu’elle était destinée à perdre son empire et son statut de grande puissance.

Keynes prônait une coopération rapprochée entre les nations et un contrôle étroit des flux de capitaux entre eux. C’était tout l’inverse du système laxiste actuel avec le système offshore.

Quand deux partis échangent des biens, les forces sont équilibrées. Mais en finance, Keynes avait compris que les relations étaient déséquilibrées au profit du prêteur par rapport à l’emprunteur.

À l’époque, il n’y avait pas encore de système offshore vraiment interconnecté. Il y avait seulement quelques états utilisés par certains riches pour cacher leur patrimoine des autorités fiscales. Les riches européens regardaient principalement vers la Suisse et les riches britanniques s’orientaient vers les Îles de la Manche et l’Île de Man.

L’offshore empêche un contrôle effectif des marchés financiers, facilitent les crises financières et permet aux riches de déplacer tous les risques et les coûts d’un sauvetage sur la majorité qui travaille plutôt que sur la minorité qui investit.

Keynes souhaitait un monde de libre échange, mais il croyait que c’était possible seulement si la finance restait étroitement régulée par les gouvernements. Le quart de siècle après 1949 qui a vastement implémenté les idées de Keynes est connu comme l’age d’or du capitalisme, une ère de prospérité croissante et générale relativement peu troublée.

Dans les années 80, les contrôles de capitaux ont progressivement étaient relâchés à travers le monde, les taux d’imposition ont baissé et les systèmes offshore ont commencé à proliférer et les taux de croissance ont chuté dramatiquement. En même temps, les inégalités explosaient dans plus en plus de pays.

La croissance des systèmes offshore n’est pas seulement un retour des mouvements libres de capitaux, mais surtout une libéralisation financière sur stéroïdes: les capitaux ne sont pas allés où ils étaient nécessairement plus productifs, mais où ils peuvent trouver la plus grande confidentialité, la réglementation fiscale plus laxiste et la plus grande liberté face aux règles des sociétés civilisées.

La suite au prochain épisode avec l’eurodollar, la construction d’une toile d’araignée, la chute des USA et les pertes profondes du développement: “Îles au trésor: Les paradis fiscaux et les hommes qui ont volé le monde (2/3)“…

C’EST À VOUS: Que connaissez-vous de ce monde décrit par Nicholas Shaxson? Vous parait-il réel ou exagéré?

Lire des commentaires en français de “Treasure Islands: Tax Havens and the Men who Stole the World” sur Amazon.fr

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3 réponses

  1. Bonjour
    L’affaire des panama papers témoigne des agissements des US pour couler les paradis fiscaux non anglo saxons. Être un résident fiscal US semble être un enfer. Les US veulent capter l’argent du monde.

    Mais il y a plus grave. Un mouvement est en marche pour coincer tous ces mouvements qui échappent à l’impôt. Les grosses entreprises ne vont pas y échapper. La fin des paradis fiscaux est proche. Déjà la Suisse est sommée de coopérer. Tout est mis en place pour traquer les entreprises et faire plier les états. Échapper aux taxes est un combat perdu d’avance à un horizon plus ou moins proche.
    À moins que l’oligarchie soit vaincue. Pour cela il faut informer les gens de ce qui se passe.

    • Salut Michel,

      Pour une fois, je ne suis pas d’accord! Les mécanismes offshore et les paradis fiscaux sont de plus en plus importants. Et même s’il y a quelques efforts de faits pour lutter contre certains abus, la fin des paradis fiscaux est loin d’être proche! Les politiques et les puissants de ce monde n’y ont aucun intérêt, ils ne disparaitront donc pas…

      Ben

  1. 19/01/2017

    […] La première partie avec les endroits pour ne pas payer d’impôts, l’origine des paradis fiscaux et le fonctionnent des systèmes offshore se trouve ici: « Îles au trésor: Les paradis fiscaux et les hommes qui ont volé le monde (1/3) » […]

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